Opération structurante pour un territoire rural, à vocation agricole, le remembrement constitue, aussi, l'archétype du risque politique maximal : en deux
mots, la "patate chaude" ou le "mistigris", que se refilent , allègrement, des municipalités frileuses. Besné n'y a pas échappé.
L'arlésienne.
Dans un grand élan de lucidité et de générosité vis-à-vis du monde agricole, le conseil municipal, unanime, sous la présidence du Maire, Alphonse Richard, demanda à
l'Etat d'engager la procédure de remembrement, le 26 octobre 1961.Pendant 11 ans, ainsi que l'écrivait le Maire, René Chatal, dans son
premier bulletin municipal de juin 1977, ce fut "le silence total".
Je laisse le soin aux lecteurs d'interpréter, et le mutisme de l'Etat, et la pugnacité molle de deux ou trois maires successifs, qui laissent, ainsi, pourrir
le dossier.
Toutefois, le thème et la problématique du remembrement viennent, en débat, lors des élections municipales de 1977, avec une approche "prudente" et timorée de
R.Chatal ("Certains sont pour, d'autres sont contre : alors, on consultera"...), à côté d'un engagement ferme de la liste, que je menais, pour la première fois, à Besné.
En juillet 1977, la population est invitée à répondre à un questionnaire, pour "éclairer" la municipalité ! Moins d'un quart des ménages (105 sur
450) répondent et se prononcent à 80% (87% pour les agriculteurs) pour le remembrement.
Ce n'est qu'au second semestre 1981 que le long processus s'enclenche : formation de la commission (6 titulaires, 4 suppléants) et de la sous-commission
communale(13 membres), pré-étude, définition du périmètre, après enquête publique, choix des parcelles-types, évaluation, sur place, de toutes les parcelles, élaboration du projet de réseau des
chemins ruraux et d'exploitation, ansi que du réseau hydraulique (fossés).
La consultation des propriétaires constitua la base de travail du géomètre, qui devra gérer, le mieux possible, des souhaits contradictoires, pour ne pas diminuer
la surface moyenne des lots.
Le projet de déviation de la RD 773 interféra avec le remembrement, car il fut décidé de placer, dans son emprise, en priorité, les terrains de la S.A.F.E.R.
Concertation et contestation
Une série d'enquêtes publiques et officieuses, d'informations et d'affichages permit la plus large concertation, avant
les décisions des commissions.
Alors que 113 propriétaires (sur 819) avaient réclamé, lors de la présentation de l'avant-projet de remembrement, 64 lors de celle du projet, il resta 28
propriétaires, pour contester l'arrêté du projet, qui eut lieu le 19 juin 1985.
Examinées par la Commission Départementale d'Aménagement foncier, les réclamations n'eurent pas de suite, ce qui conduisit 8 propriétaires à saisir le Tribunal
Administratif : le remembrement fut entériné, et un seul propriétaire fit appel, devant le Conseil d'Etat (à l'époque, les cours administratives d'appel n'existaient pas).
Le bilan quantitatif et qualitatif est indéniable, car les 1425 hectares concernés(81,2% du territoire communal!) ne comptaient plus que 1599 parcelles, au lieu de
7220, et 480 personnes ou communautés, au lieu de 231, devinrent propriétaires d'une parcelle unique.
Les travaux connexes au remembrement, réalisés sous la responsabilité du Bureau de l'Association Foncière et de son Président, Jean Aoustin, alors Adjoint à la
voirie, furent menés avec une grande rigueur, qui limita, ainsi, le montant de la Taxe de Remembrement (trop peu en furent reconnaissants!)
Outre les travaux à la parcelle, furent créés près de 40 km de chemins, 21 km de fossés, et curés 900ml de ruisseaux.
Aujourd'hui, les ouvrages collectifs ont intégré , en concertation avec l'Association Foncière, le patrimoine communal, avec toutes les obligations d'entretien, que
cela comporte.
Avec le remembrement, Besné a perdu, un peu, de son caractère bocager, au coeur des marais, mais a, sans doute, sauvé son agriculture et ses agriculteurs.
Gwennenid atav
A.Pény